Facebook, la Stasi d’un milliard de mouchards volontaires

Toi, toi qui es sur Facebook… Mais va te faire foutre avec ton Facebook de merde !

Non j’irai pas visiter ta page pourrie, non j’irai pas m’inscrire pour entrer en communication avec toi. Non j’irai pas donner mes informations personnelles à Zuckerberg pour qu’il les revende à Coca Cola.

Facebook ? C’est la Stasi du web 2.0

Je vais t’expliquer un truc, camarade. Te souviens-tu de la Stasi ? La Stasi était le service de renseignement intérieur de la RDA, autrement dit l’Allemagne de l’Est.

Appelle ça comme tu veux : renseignement intérieur, police politique, peu importe… La spécialité de la Stasi était de ficher sa population : chaque citoyen de la RDA était susceptible de travailler pour la stasi et de récolter des informations concernant ses collègues, ses voisins, sa famille.

Quand le mur est tombé en 89 (oui, ami camarade fan des Béru, 1989 c’est pas seulement l’année du concert à l’Olympia, c’est aussi l’année de la chute du mur de Berlin), on a pu accéder aux archives de la Stasi, 180 kilomètres de rayonnages remplis de dossiers. Les habitudes, les amis, les goûts les opinions… Quand une personne retrouvait son dossier c’est sa vie qu’elle voyait décrite.

La Stasi, c’était 91000 agents et 170000 mouchards. Facebook, c’est 2000 agents employés, et 1 milliard de mouchards. Ah ben oui, vous croyez quoi ? Votre profil Facebook enregistre vos données personnelles, mais aussi toutes celles des personnes qui entrent en contact avec vous.

Vous organisez une projection contre les expulsions des Roms ? Tous ceux qui acceptent votre invitation sont fichés par votre profil. Vous organisez un concert contre les violences policières, ? C’est pareil, tous ceux qui accèdent à votre page sont fichés par votre profil.

Un milliard de crétins, un milliard de mouchards

Facebook, c’est un milliard de crétins qui donnent leur vie privée à des régies publicitaires, et c’est aussi un milliard de mouchards qui facilitent le boulot des dictatures présentes et à venir !

En 2011, un étudiant autrichien s’est fait envoyer son dossier complet sur CD par Facebook : 1222 pages ! Un milliard d’utilisateurs, 1222 pages par personne, ça nous fait donc 1200 milliards de pages. 1200 milliards de pages, de mails, de contacts, d’informations personnelles sur chaque membre, chacun fichant et fliquant tous ceux qui entrent en contact avec lui. Enfoncée la Stasi, pulvérisé le 1984 d’Orwell : Facebook les surpasse, et de loin.

Eben Moglen, éminent professeur de l’université de Colombia et grand défenseur du logiciel libre, a déclaré lors d’une conférence : “Si la Stasi revenait, elle ne servirait à rien : Zuckerberg fait le boulot à sa place.”

Et de préciser : “Les boutons ‘J’aime’ sont effrayants : même si vous n’appuyez pas dessus, ce sont des mouchards sur le web parce qu’ils indiquent à Facebook toutes les autres pages web que vous consultez, contenant un bouton ‘J’aime’. Que vous cliquiez dessus ou non, ils ont un enregistrement qui indique : ‘Vous avez consulté une page, qui intégrait un bouton ‘J’aime’ et soit vous avez dit oui, soit vous avez dit non. Mais dans les deux cas, vous avez généré une donnée, vous avez informé la machine’.”

Chaque membre de Facebook est donc un rouage dans l’acquisition des informations de tout le monde. Que ça vous plaise ou non, sur Facebook vous fliquez vos visiteurs et vous mouchardez vos amis.

La gratuité, cette illusion

Quant à la fameuse affirmation : “Facebook c’est gratuit“, ah putain celle-là… Ce serait vrai si vous étiez le client de Facebook. Mais toi t’es pas le client de Facebook : les clients de Facebook, ce sont les régies publicitaires qui viennent acheter tes données personnelles et toutes celles que tu as collectées sur tes amis et tes visiteurs.

Les clients de Facebook, ce sont ces mêmes régies publicitaires qui t’analysent, toi et tes milliers d’amis, qui vous ciblent, vous tracent, et vous bombardent de pubs. Vous tous, vous êtes la marchandise. Vous êtes le produit vendu par Facebook.

Et vous êtes non seulement le produit vendu par Facebook, mais vous êtes aussi ceux qui travaillez pour Facebook. Le contenu, il faut bien le produire, les pages elles vont pas se remplir toutes seules. La seule chose gratuite sur Facebook, c’est le contenu que tu produis et que tu donnes gratuitement à Zuckerberg. Là, vu comme ça, effectivement Facebook c’est gratuit.

Voilà, voilà ce que tu es avec ton Facebook de merde : un rouage des flics et une marchandise qui travaille gratos.

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Cette chronique est extraite de l’émission Konstroy du 24 mars 2013. Pour l’écouter en intégralité, c’est ici. Konstroy est une émission de radio punk-rock, depuis 1989, le dimanche de 18 à 20 h. En direct à Paris et région parisienne sur 106.3 Mhz, et partout sur rfpp.net