Pédocriminalité et théâtre familial : acte 2, la désolation. Acte 3, la résolution.

[L’acte 1 est à lire en cliquant ici.]

D’un côté, il y a les valeurs, l’éthique, la conviction très ancrée d’une certaine immanence qui, à un moment ou à un autre, permettra à chacun de percevoir en son âme et conscience ce qui est juste et de se comporter en conséquence. Cette espèce de “foi” que je porte en moi constitue un alliage dense qui, au plus profond de mes tripes, me permet de porter, envers et contre tout, une parole que je veux libre et que je sais propre. Dans l’absolu et dans la sphère privée, cela n’engage que moi. Dans la réalité et dans un contexte politique ou militant, cela permet – parfois – de croire que l’on est utile, même si se croire utile est une fatuité, car c’est aux autres qu’il appartient de constater ou non notre utilité.

Bref, j’ai quelques convictions, et quand il le faut et que je peux, je les applique quoi qu’il en coûte (pardon aux familles des vitrines pour cette expression macronesque). Cela ne m’a pas empêchée de serrer un peu les fesses au cours des 15 dernières années : quand on est féministe et qu’on milite activement, les menaces, le harcèlement, la violence de certaines réactions, la bassesse des attaques en meute, tout cela peut faire froid dans le dos. Mais tant que je suis en capacité d’y faire face, je garde le cap.

Je n’ai pas oublié ce que c’est d’être entravée. Je ne le suis plus. “Dont acte, ainsi soit-il“, comme l’a dit il y a deux jours ma tante par alliance, abasourdie qu’on puisse lui reprocher d’avoir détourné le regard de deux enfants innocentes aux mains de leur père pédophile, abasourdie qu’on lui reproche de n’avoir jamais porté à la connaissance des autorités le fait que ledit père a sexuellement agressé une enfant de 4 ans de sa propre famille pendant 10 ans (victime aujourd’hui adulte) et que la tata, son époux et ses grands rejetons le savent depuis 2006, mais que personne n’a jugé utile de respecter l’obligation légale de signalement.

Ce signalement, s’il avait été effectué à la fin des années 20001, aurait permis de protéger d’autres victimes éventuelles, et notamment les enfants du criminel, toujours gamines et toujours entre ses mains à l’heure où j’écris, et ne parlons même pas des copines des gosses, qui viennent dormir chez lui. Dont acte, voilà voilà, et Dieu reconnaîtra les siens j’imagine (oui, ça court à l’église tous les quatre matins chez la tata, ça s’implique à fond les ballons dans la paroisse, mais c’est moi qu’on accuse d’être prêchi-prêcha et de faire la morale).

Mais de l’autre coté de mes convictions, il y a une immense étendue de désolation et de colère. Car de l’autre côté, il y a des gens qui, non contents de se comporter de façon abjecte, se permettent en outre de s’offusquer.

Dans un texte récent, j’évoquais la complexité des étapes qui suivent la libération de la parole et le marchandage qui en découle, notamment via le déplacement des responsabilités et les reproches injustifiés que l’on fait à nos soutiens les plus fidèles. J’abordais aussi en filigrane la peur et la déception qui sont les nôtres, en tant que victimes de violences, lorsque l’entourage familial se montre finalement moins soutenant que ce qu’on pensait, même si la plupart du temps ce n’est pas un scoop et même si on n’est pas (encore) en capacité de percevoir ce manque de soutien, qui prend souvent des formes assez subtiles.

En effet, il ne s’agit pas forcément d’un rejet frontal de la part de l’entourage, mais d’un système global de mise sous pression, de messages subliminaux visant à bien faire comprendre qu’il est préférable de ne pas faire trop de vagues. La simple expression d’un immense chagrin peut suffire à museler les victimes, tellement l’idée de faire de la peine à la famille est un outil de silenciation puissant.

Même si ces mécanismes ne sont pas clairement formulés, tout au fond d’elles les victimes savent pourquoi elles se sont tues si longtemps et pourquoi elles se sentent obligées de continuer à se taire. Ce n’est pas uniquement parce qu’elles ont peur de confronter leur agresseur. Ne pas porter plainte et/ou ne pas parler, ou ne plus parler après l’avoir fait, cela relève à la fois de l’illusoire besoin de laisser tout cela derrière soi et de l’illusoire volonté de ne pas foutre le bordel dans la famille. Et les familles elles-mêmes organisent ce silence, comme l’explique très bien Corinne Grandemange, psychopédagogue et formée à la psychopathologie de l’adolescent (analyse à consulter en cliquant ici).

Dans ce genre de contexte, on entend aussi souvent, de la bouche même de la victime ou de son entourage, l’idée que se taire protège d’autres gens innocents, à qui cela ferait beaucoup de peine d’apprendre qu’un membre de leur famille est un violeur, un pédophile, un agresseur, un conjoint violent ou autre dégueulasserie. Je vois bien l’idée et l’intention apparente, mais la réalité est dramatiquement simple : il n’y a que deux sortes de silence. L’un d’eux protège la victime, à sa demande. Tous les autres silences, aussi fallacieusement étiquetés soient-ils, ne protègent que le coupable. C’est moche mais c’est comme ça. On peut mettre en place le plus soigné des storytelling (“Si Machin apprend que son fils est une telle ordure ça va le briser”, “ça ferait beaucoup de mal à Truc de découvrir que son neveu m’a violée”, “Si les gens savaient que mon mari me frappe ça ferait tellement de dégâts”), si on se tait pour protéger quelqu’un d’autre que soi-même en tant que victime, ou quelqu’un d’autre que la victime à sa demande, c’est l’impunité du coupable que l’on protège. Il est injuste de laisser croire aux victimes que c’est à elles de porter le fardeau d’une hypothétique protection de l’entourage du coupable.

Parce qu’en vérité, qu’est-ce que ça peut bien foutre que les gens autour du coupable aient “de la peine”, comparé au fait d’avoir été violée, battue, ou sexuellement agressée quand on était gosse ? À quel moment un chagrin collatéral peut-il peser dans la balance, ou être comparé à la souffrance des violences subies par les victimes ? C’est quoi le putain de problème de cette société qui abandonne ses victimes au point de ne pas les réhabiliter à leurs propres yeux, au point de ne pas mettre en place tous les moyens pour extirper le poison distillé par l’agresseur et par les familles dans le sang de sa victime, et qu’on peut résumer en une phrase, qui fonctionne hélas pour toutes les violences : “Si tu parles, tu feras beaucoup de mal à tout le monde, ça restera notre secret” ?

Mais le plus triste dans tout ça, c’est que même le silence qu’on garde à la demande de la victime qui nous a confié les crimes dont elle a été l’objet, eh bien ce beau silence vertueux est lui-même une infraction pénale, pour laquelle on peut être condamné. Et ce n’est pas un concept purement théorique, en mode “Ouais d’accord mais en vrai on ne condamne pas les gens pour ça hein ?”. Eh bien si, en fait, on condamne bien des gens pour “ça” : pour s’être tus, pour s’être contentés de considérer dans la sphère privée que les victimes sont à l’abri puisqu’on sait, pour s’être contentés de s’engueuler entre eux, de s’accuser les uns les autres, par SMS et mails hargneux dans un joli huis-clos familial (exactement ce que je vis en ce moment, j’ai lâché mes plus beaux scuds dans des messages incendiaires au cours de la semaine passée), et pour n’avoir au final pas dénoncé le merdier aux autorités. Un exemple à Saint-Malo il y a quelques années, à lire en cliquant ici.

Ces deux dernières semaines, j’ai été celle qui envoie des messages et des SMS hargneux à la famille, et je me tape la tête contre les murs. Ma désolation est celle d’une femme qui ne parvient pas à capituler devant l’endurcissement de l’indifférence face au sort d’enfants dont on refuse de considérer l’existence même.

Et ma colère est celle de toutes les victimes à qui on a mis une muselière, celle de toutes les femmes qui aujourd’hui encore ont peur d’elles-mêmes, de leur agresseur, du regard de leur famille, peur de la justice, de l’avenir, du passé, celles qui pensent que leurs cauchemars qui ressurgissent à chaque fois qu’elles parlent sont la conséquence directe du fait d’avoir parlé, ou la conséquence des réactions de leur confidents, ce dont elle se serviront pour se convaincre qu’il vaut bien mieux se taire. Alors qu’elles ne savent pas encore que dès qu’on parle, dès qu’on agit, dès qu’on avance, les cauchemars et les flashbacks reprennent de plus belle et c’est une étape incontournable avant la libération finale, parce que la reconstruction est une guerre sale et douloureuse. Avant le procès de l’agresseur par exemple, la plupart des victimes sont au plus mal. Et c’est normal. Pénible mais normal.

Je suis en colère aussi parce que je m’autorise enfin à penser un peu à moi, et que concrètement, depuis fin octobre je suis l’instrument involontaire d’une parole qui s’est libérée, et que j’ai ensuite été la serpillère de cette parole.

Pour soutenir et accompagner de mon mieux, j’ai fait abstraction de moi-même, la question ne se posait même pas. Mais pour soutenir et accompagner cette parole, j’ai du affronter ma propre réactivation traumatique. J’ai géré ça au mieux parce que dans ce contexte, je ne suis pas du tout à plaindre, je vais bien. Et j’ai attendu plus d’un mois avant de m’autoriser à publier un texte dont j’ai pesé chaque mot, afin qu’il soit la transcription effective de ce que mon mari et moi avons traversé pendant cet automne si étrange et douloureux, afin qu’il ne porte que notre parole, qu’il ne parle pas pour autrui mais juste pour nous, ce qui était mon droit. Respecter le vécu de la victime n’est pas incompatible avec le fait de s’exprimer sur ce qu’on ressent et sur ce qu’on traverse.

Je savais que tout me serait reproché : d’avoir été là (au mauvais moment au mauvais endroit, en quelque sorte), d’avoir écouté, d’avoir écrit, de ne pas comprendre la non dénonciation par la famille, pas plus que l’absence de signalement, d’oser en faire le reproche, de mettre à mal un système familial organisé autour du silence, et même d’être la cause des regrets de la victime, et la cause de sa souffrance.

Tout cela je l’ai su le 28 octobre à 14h30, à la minute même où la victime m’a dévoilé le nom de son agresseur : Antoine, témoin de mon mariage, frère de mon mari. J’ai vu se dérouler devant mes yeux tout ce qui allait arriver, alors même que la victime était en train de me dire “J’avais peur que le fait de te parler ne gâche notre relation et l’affection qu’il y a entre nous“, et que je lui ai répondu “Non, ne t’inquiète pas“. J’ai su à cet instant, de façon évidente et brutale, qu’elle finirait par se retourner contre moi et qu’elle ne parviendrait pas à gérer les inévitables conséquences de ce qu’elle était en train de me dire. Je l’ai su en un éclair, mais c’était ok, je savais que j’allais tout de même l’écouter, la soutenir et accepter qu’elle m’en punisse ensuite. Aucun positionnement sacrificiel là-dedans, juste la conviction de lui devoir écoute, bienveillance et accompagnement.

Parce que j’ai été victime aussi peut-être, parce que je suis militante, donc sororale par principe et empathique par conviction, parce que le droit pénal ça me cause un peu, parce que je savais qu’elle me parlait à moi d’abord pour en parler ensuite à mon mari, à qui elle avait grand besoin de le dire. Je savais aussi qu’en me parlant à moi elle m’utilisait, pour que je prépare le terrain auprès de lui et que j’amortisse en amont le choc qu’il allait subir. Ca aussi c’était ok, je ne suis pas née de la dernière pluie ; et le scénario pas encore écrit de la catastrophe qui s’annonçait prenait forme dans mon esprit à chaque phrase.

Alors j’ai su ce 28 octobre qu’à partir de là, le compte à rebours était enclenché et que les moments d’affection et d’échange entre elle et moi ne seraient bientôt plus que le souvenir d’une brève rencontre familiale. Le seul moyen d’éviter ça aurait été que j’accepte d’entrer dans le rang et que j’adopte leur politique du silence, que je trahisse une éthique à laquelle je n’ai jamais dérogé, que je piétine le droit des victimes, que je me rende coupable de non dénonciation, bref que je cesse globalement d’être la femme que je suis, alors même qu’elle en est venue à me parler parce que je suis cette femme-là. Quelle ironie.

La machine s’est mise en marche comme prévu, mais j’ai quand même fait le job : rassurer, soutenir, légitimer, prononcer toutes les phrases qu’on doit prononcer dans ce genre de situations, et Dieu sait que j’en pensais chaque mot, et que je me souvenais à quel point ils m’avaient fait du bien, ces mots-là, quand j’en étais au même point qu’elle. Enfin j’ai gardé le cap, c’est tout.

À titre personnel, ça n’a pas été simple, car le fait de comprendre que dans tout ça, mon mari et moi comptions si peu aux yeux de sa propre famille qu’ils n’ont vu aucun souci à nous laisser choisir Antoine comme témoin de notre mariage, alors que tous savaient, ça m’a fait beaucoup de peine. Cette journée, que j’avais le droit de vivre comme un moment merveilleux et qui aurait du me laisser un merveilleux souvenir, a été délibérément salie, ouvertement méprisée, par 7 personnes qui auraient pu nous permettre d’avoir un autre témoin, car de nombreux prétextes auraient pu nous convaincre de ne pas choisir Antoine. Mais j’ai pris sur moi parce que je n’étais pas en droit de m’indigner à ce moment-là.

Au fil des semaines et malgré le fait que le sujet du silence complice et oppressif des familles dans les cas d’agressions sexuelles incestueuses soit largement étudié et documenté, j’ai pris avec horreur la mesure de l’absence de scrupules de cette famille-là, de celle-là “aussi” ai-je envie de dire (un de ses membres a même continué à fréquenter le coupable, allant jusqu’à dormir chez lui après avoir demandé à la victime si ça ne la dérangeait pas), de l’obstination à ne pas voir le problème de ce silence envers deux enfants que personne ne voulait protéger. J’ai observé avec tristesse les premiers revirements de la victime, j’ai entendu sans surprise les premiers reproches, j’ai pris soin de recadrer les tentatives de pression à mon encontre (Oui, je confirme que je suis libre de publier en toute liberté et en toute légalité des textes sur mon propre site, je fais ça depuis 2007 et c’est pas demain la veille que je vais m’arrêter ou demander la permission : pour preuve, je suis en train de faire quoi là ?).

J’ai écouté avec bienveillance chaque phrase m’accusant d’être la cause de toute la souffrance actuelle, j’ai à tout hasard essayé d’expliquer que la cause de cette souffrance était plutôt le fait d’avoir brisé le silence, le fait de la peur, tout en sachant que je pissais dans le vent, mais bon, je me disais que si ça ne pouvait pas être entendu maintenant, peut-être que ça pourrait servir pour plus tard.

J’ai regardé tout ça comme si je matais un film français parigot-parisien : les acteurs changent mais le scénario est toujours le même, on sait comment ça finit, mais on reste jusqu’au bout, par acquit de conscience, au cas où une surprise nous attendrait dans les cinq dernières minutes. Je ne m’étais pas assez attachée à elle ni à la famille pour craindre le dénouement et je ne me faisais donc aucun souci pour moi-même en attendant le jour où j’allais devoir couper ces liens somme toute récents pour prendre soin de moi. Mais ce n’est jamais marrant de voir une autre femme se couper les ailes et se tirer une balle dans le pied, et si la sororité m’interdit de penser qu’une victime dessert sa cause, je m’autorise tout de même à regretter que le silence complice de sa famille serve aussi activement l’impunité du coupable, qui se frotte les mains d’avoir à sa botte tout un clan au garde-à-vous.

Enfin voilà, tout s’est déroulé comme prévu : j’ai fini par mettre un stop, j’ai lâché des SMS coupants et furieux sur ce que je pensais de la complicité et de la non dénonciation, j’ai dégagé tout ce petit monde en réaffirmant mon soutien à la victime mais en refusant toute collusion, mon mari a clarifié les choses de son côté pour qu’on nous foute la paix, j’ai joint à son mail un message qui disait tout ma colère et mon dégoût à cette famille qui se fiche de la sécurité de deux gamines, j’ai rendu de menues affaires, j’ai rédigé un chèque pour solder une dette minime, et j’ai assisté au dénouement final en cochant toutes les cases du bingo : mon numéro de téléphone a été communiqué sans mon accord, un des membres de la famille, s’exprimant au nom de tous, a tranquillement proféré une menace, et la daronne a balancé son Ainsi soit-il pour conclure le feuilleton.

Je n’ai que brièvement côtoyé cette famille, qui ne laissera aucune trace dans l’histoire globale de ma vie : elle restera simplement pour moi un cas d’école illustrant parfaitement la complicité familiale autour de l’inceste.

Le soir du 30 décembre, je me suis couchée soulagée mais tracassée, mal à l’aise, repassant dans mon esprit le signalement fait au 119 (que j’évoque là-bas) et me demandant si nous avions bien fait tout ce qu’il fallait, sans parvenir à mettre le doigt sur la raison de mon malaise. Quelque chose n’allait pas. J’étais tout de même un peu ébranlée par le comportement de cette famille et même si je me sentais droite dans mes bottes, je commençais presque à douter de ma légitimité, je me sentais à la fois trop en colère et pas assez. Pataugeant dans une espèce de confusion merdeuse, je pensais en boucle à ce fait divers et je me suis endormie en cogitant autour de l’article 434-1 du Code pénal.

Le 31 décembre en me réveillant, je savais ce que je devais faire. À 14h30, je suis entrée en contact avec la plateforme en ligne de mon commissariat. J’ai passé deux heures avec un flic spécialement formé à la gestion des violences sexuelles, qui m’a fait poser tout ça bien à plat sans rien omettre : quand et dans quelles circonstances j’ai recueilli les confidences de la victime, ce que j’ai dit et fait ensuite, comment cela a été fait, ce qui me posait question, ce qui m’inquiétait, tout a été passé en revue, et je n’ai rien dissimulé, surtout pas mon incompréhension et ma colère. La bienveillance, l’empathie et le professionnalisme de mon interlocuteur m’ont permis de respirer librement pour la première fois depuis deux mois.

Il m’a confirmé que ma démarche était la bonne, et que mon incompréhension et mes réactions étaient normales, face à une situation totalement anormale. Cette famille dégueulasse avait donc bien réussi à me faire douter de ma démarche globale, à me faire douter de ma légitimité à prendre en compte les intérêts des victimes passées et ceux des potentielles victimes encore en danger. J’étais à deux doigts de me traiter de parano, à force de repenser aux dénégations familiales.

Mais je n’étais pas parano. Et comme je le pressentais, non, notre signalement au 119 ne suffisait pas. C’était une bonne amorce, un bon premier réflexe, mais tout n’avait pas été fait, et là était la cause de mon malaise.

Le policier qui m’a entendue m’a donc expliqué la suite : notre entretien d’hier est consigné et il porte une référence qui m’a été communiquée. Un enquêteur va me contacter dans les jours qui viennent pour convenir d’un rendez-vous au commissariat, afin de recueillir tous ces éléments dans un procès-verbal de renseignement judiciaire : c’est le mot chic de la main courante, ça n’a pas pas valeur de plainte, c’est simplement un élément potentiellement utile en cas de procédure ultérieure. Un procès-verbal de ce type communiqué au procureur de la République peut amener ce dernier à lancer une enquête si le PV mentionne une infraction.

Il m’a également été recommandé de ne pas hésiter à porter plainte si je suis menacée (la menace proférée par un des membres de la famille a notamment été consignée dans l’entretien d’hier), mais j’ai fait une demande de changement de numéro de téléphone, donc ça devrait aller. Je pense que cette famille me laissera tranquille. Si ce n’est pas le cas, si je subis la moindre pression, si je fais l’objet de la moindre menace ou si l’un des membres tente d’entrer en contact avec moi dans ce contexte pour me menacer, je déposerai plainte.

Fin de la pièce pour moi.

_____________________________

1. Nous avons été informés des faits fin octobre 2022, nous avons aussitôt effectué ce signalement au 119. Les faits étant suffisamment préoccupants, le 119 a saisi le CRIP.